La coquille


La coquille Saint-Jacques


Au début du pèlerinage, les jacquets parvenant sur les plages de Galice ramassaient de grands coquillages (des mollusques à coquille bivalve, de leur nom scientifiques : des Pecten maximus) qui ne se trouvaient nulle part ailleurs en Europe. Comme preuve qu’ils avaient accomplis leur pèlerinage jusqu’au bout, ils les arboraient fièrement, sur le chemin du retour, sur leur capeline, pèlerine, besace ou bourdon.


D’autant que la tradition chrétienne associait déjà la coquille au culte de saint Jacques.

En effet, une légende raconte qu’un cavalier et sa monture se seraient précipités dans la mer en Palestine pour suivre la barque emportant le corps de l’apôtre. Ils auraient galopé au fond de l’eau durant plusieurs jours et ne seraient revenus en surface couverts de coquilles Saint-Jacques qu’à l’approche de Padrón.

Une autre variante prétend qu’alors que la barque longeait une plage de Galice avant d’accoster à Padrón, une fête joyeuse tournait au drame. Un cavalier participant à une joute équestre tomba à la mer avec sa monture. Ils disparurent sous les vagues puis ressurgirent près de la barque mais au dessus des flots et recouverts complètement de coquilles Saint-Jacques.

Par ailleurs, parmi les 22 miracles accomplis par saint Jacques, le douzième (selon le Codex Calixtinus, Livre II — De miraculi sancti Jacobi) attribue à la coquille des vertus curatives : un chevalier atteint d’une affection de la gorge fut guéri par l’imposition de la coquille d’un pèlerin sur la partie malade.

Une autre légende prétend que lors du jugement divin, saint Michel pose dans l’un des plateaux de la balance de la psychostasie une coquille Saint-Jacques, chargée d’assurer le poids suffisant pour que l’âme du pèlerin défunt puisse aller au paradis.


Par coutume, le coquillage devint ainsi le symbole des pèlerins de Saint-Jacques-de-Compostelle. Elle leur permettait de se distinguer des autres voyageurs, de boire dans les fontaines et de demander l’aumône… La coquille porté par les pèlerins était aussi un passeport leur permettant de passer leur chemin en toute sécurité (avant l’instauration de la crédencial au XVe siècle). Batailles et conflits étaient monnaie courante à l’époque, il importait de porter un signe indiquant le caractère inoffensif du marcheur.

Le Codex Calixtinus finit de légitimer ce symbole en le codifiant dans le sermon du « Veneranda dies » :

« Les pèlerins les fixent au retour du tombeau de saint Jacques à leurs capes en l’honneur de l’apôtre comme en son souvenir et les rapportent avec grande joie chez eux en signe de leur long périple. Les deux valves du coquillage représentent les deux préceptes de l’amour […] aimer Dieu plus que tout et son prochain comme soi-même… »


En 1993, la coquille devint naturellement le symbole général des chemins de Compostelle. Ainsi, pour baliser les différents itinéraires vers Santiago, le Conseil de l’Europe adopta le logo établi par les graphistes espagnols Macua et Garcia-Ramos. Ce logo représente une coquille Saint-Jacques jaune stylisé sur fond bleu, soulignant la convergence des différents chemins de Saint-Jacques vers un lieu unique et la convergence des peuples européens vers un but commun.


Aujourd’hui la coquille Saint-Jacques est toujours l’attribut du pèlerin moderne. Les jacquets du XXIe siècle partent souvent avec un coquillage décoré ou personnalisé comme signe de ralliement.




Faut-il porter la coquille ?


S’il s’en tient aux règles édictées au Moyen Âge, stricto sensu, le primo-cheminant ne devrait pas accrocher de coquille sur son sac à dos en partant sur le chemin. Il ne peut l’arborer qu’une fois qu’il a accompli son pèlerinage. Mais puisqu’aujourd’hui, ce symbole est un signe de reconnaissance et de ralliement, nombre de primo-jacquets le portent.



Copyright © All rights reserved